Photo A GerbertSix écoles de Hambourg devaient entrer dans l'ère numérique mais la ville et la commission scolaire ont fait marche arrière: le réseau Wi-Fi sans fil est considéré trop dangereux pour la santé des élèves.

Traduction d'un article par Martin Sonnleitner publié par SHZ (Schleswig-Holsteinischer Zeitungsverlag) le 29 novembre 2014.

HAMBOURG. A la rentrée des classes, la commission scolaire a annoncé un projet visant à équiper trois écoles du district de Hambourg et trois écoles secondaires de tablettes et ordinateurs portables ; ce dernier a été gelé. La raison de ce renoncement est que l'accès à Internet proposé était par bornes Wi-Fi et que les conséquences sanitaires et les implications juridiques ne sont pas encore résolues.

"Six écoles remplaceront les tableaux noirs, les livres scolaires, cahiers et crayons par des ordinateurs portables et des tablettes", a déclaré le représentant de l'enseignement auprès du Conseil municipal, Ties Rabe, dans un communiqué présenté en mai. Ce projet, dont la mise sur pied devrait durer deux ans, concerne quelques 1'300 étudiants, soit environ 30 % des enfants et adolescents de ces écoles. Toutefois, la commission scolaire a fait marche arrière. "Le projet est actuellement à l'étude afin de savoir s'il ne pose pas d'éventuels problèmes d'ordre juridique ou de la protection des données", a admis un porte-parole Peter Albrecht.

Le projet a fait l'objet de controverse depuis que le député indépendant Walter Scheuerl a lancé deux interpellations argumentées par des rapports techniques afin de torpiller le financement du projet devant le Conseil municipal. Le motif avancé était que la transmission des données du sans fils Wi-Fi créerait des fréquences extrêmement élevées de micro-ondes.

En fait, certains médecins ont récemment remis en question l'introduction de tablettes, smartphones et Wi-Fi dans l'enseignement scolaire en disant que le battage médiatique autour du progrès technologique menait à son acceptation sans critique. Dans une lettre ouverte, quelques 20 médecins du "Groupe de travail médical sur les media numériques à Stuttgart", affirment que les inquiétudes exprimées par la science et la médecine concernant l'utilisation des media numériques dans les écoles, ne sont pas prises en considération.

"La corrélation entre la propagation des media numériques et l'augmentation de la surcharge de travail, les maux de tête, le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité et les troubles d'ordre psychique est préoccupante", a déclaré le Professeur Manfred Spitzer, psychiatre et chercheur en neurosciences à Ulm. Les connaissances scientifiques actuelles démontrent que la nocivité est évidente: en plus des problèmes de concentration, l'exposition pourrait conduire à des ruptures de brins d'ADN, ce qui pourrait causer des dommages au sperme et augmenter les risques de cancer.

Les fabricants, ainsi que l'Office fédéral de protection contre les radiations et les médecins mettent déjà en garde contre une utilisation des appareils près du corps et recommandent des distances minimales. Ni la commission scolaire, ni l'autorité de santé de la ville hanséatique n'ont tenu compte de ces avertissements. Dirk Petersen, expert en environnement à la fédération des consommateurs de Hambourg, relativise: "A notre avis, il n'y a pas de preuves que c'est dangereux. Pour cela le niveau de rayonnement est tout simplement trop faible."

En revanche, Ellen Kruse, porte-parole de la Société Elektrosmog du BUND à Hamburg, a exprimé des réserves: "Beaucoup d'études neutres démontrent que le Wi-Fi est très nocif." Elle réclame que des experts indépendants en informent les écoles. Le cumul de l'utilisation simultanée dans des classes de 30 élèves est particulièrement discutable, selon Kruse. L'Organisation mondiale de la Santé met en garde contre les risques de cancer liés au téléphone mobile. "Nous sommes pour le principe de précaution" dit-elle. Toutefois, le BUND n'est pas hostile au progrès et plaide pour une connexion Internet filaire dans les écoles.

Dans ses interventions au Conseil municipal, Scheuerl a également évoqué les questions de confidentialité. Il se demandait si les responsables, les étudiants majeurs et les enseignants seraient contraints à signer des déclarations de confidentialité et qu'est ce que se passerait si ces derniers refusaient de consentir.

La commission scolaire vient d'accepter de vérifier ces aspects. Scheuerl a déclaré: "Les responsables n'étaient pas suffisamment préparés." Cependant, du point de vue de la commission, l'utilisation du Wi-Fi resterait justifiée si l'on arrivait à tenir compte des critiques. "La recherche sur Internet à l'école est importante mais il s'agit également de maîtriser l'information", a déclaré Scheuerl. Il a aussi exigé des clarifications générales concernant les conséquences éducatives et psychologiques d'apprentissage et les questions techniques d'ordre légal comme la responsabilité civile, les droits d'auteur et les risques y relatifs.

Lire l'article original en allemand.