wifi a-l-ecole araTechnologie Wi-Fi: Valeurs instantanées prises dans seize écoles du canton. Nos petits écoliers sont-ils réellement bien protégés contre les effets de la pollution électromagnétique? Dans le canton de Neuchâtel, on serait tenté de répondre par l'affirmative: pionnières, les autorités cantonales ont adopté un arrêté en 2010 déjà pour fixer les conditions d'utilisation des ordinateurs dans les classes d'école. Article de Santi Terol paru dans L'Express-L'Impartial de Neuchâtel du samedi 1er novembre 2014.

Dans le cadre du déploiement du réseau pédagogique neuchâtelois (RPN), l'arrêté stipule que seuls les réseaux filaires (câbles métalliques ou fibres optiques) sont autorisés dans les écoles enfantines. L'accès à internet par le Wi-Fi y est donc strictement interdit. Idem dans les classes de primaire, les écoles spécialisées et les écoles du secondaire 1, hormis dans les espaces partagés ou sur dérogation du Bureau de l'informatique scolaire. La disposition est plus souple pour le secondaire 2.

Des radiations bel et bien présentes dans les classes

Reste la réalité sur le terrain... Comment sont appliquées par le Service de l'enseignement obligatoire (SEO) les strictes normes dans les institutions concernées par la réglementation? Plutôt bien, se réjouit l'Association romande alerte aux ondes électromagnétiques (ARA), qui a évalué cet été des écoles en toute discrétion (pour être le plus réaliste par rapport à ce qui se passe dans les classes). L'ARA, qui prône un internet à l'école sans Wi-Fi, a visité seize établissements préscolaires et primaires, soit moins de 15% des établissements de l'enseignement obligatoire et deux crèches. Elle constate que «les enfants de deux crèches et deux écoles enfantines sur les sept visitées sont exposés à des radiations du Wi-Fi». Sorimont, à Peseux, qui utilise un routeur pour les ordinateurs mis à disposition des enfants est spécialement concernée. «Je n'étais pas au courant. Je n'ai pas souvenir d'avoir jamais reçu un courrier du canton à ce propos; c'est dommage», réagit Claudine Dufaux. La directrice de Sorimont assure qu'elle va rapidement s'intéresser à la problématique. Parfois, les radiations proviennent du voisinage de ces structures d'accueil. L'autorisation d'utiliser le Wi-Fi dans les espaces partagés des écoles primaires (salle des maîtres, par exemple) n'est pas sans poser problème: «Sur les onze écoles mesurées, cinq rayonnent du Wi-Fi dans des endroits où il ne devrait pas y en avoir. Car les ondes ne se cantonnent pas à une pièce, elles traversent les murs», commente l'association. Mais il n'est pas dit que les normes en vigueur soient dépassées.

Autres sources de pollutionl

Les mesures effectuées ont aussi permis de détecter d'autres sources de pollution électromagnétiques. Celles émises par les téléphones sans fil (normes DECT) et les portables (l'association recommande aux maîtres de les mettre en mode «avion»). L'ARA parle de désastre pour le collège de la Charrière, à La Chaux-de-Fonds. Celui-ci serait fortement irradié par les antennes de téléphonie, peut-être, imagine l'ARA, celles hébergées par Alfaset, institution distante de quelques décamètres (le directeur n'était pas atteignable hier). La situation est tout autant délicate à Cormondrèche. A l'école des Saffrières, les normes ORNI (valeurs limites légales en Suisse pour les lieux sensibles) ne sont pas respectées. L'ARA imagine qu'il s'agit là également d'un problème d'antennes relais. Une problématique que ne maîtrise pas le SEO. Comme un instantané l'ARA se garde bien de jeter la pierre à toutes ces crèches et écoles, car elle est bien consciente que ces cas se produisent par ignorance. L'association aimerait au contraire que les autres cantons s'inspirent de l'exemple neuchâtelois, canton qui a su prendre des mesures de précaution pour les jeunes écoliers. Membre du groupe de travail qui a visité les écoles, Sosthène Berger précise que «les mesures effectuées sont des évaluations, des indications d'un instant». C'est comme si quelqu'un prenait une photo: cinq minutes avant ou après, l'image ne serait pas la même. Pour des résultats plus probants, il faudrait en outre utiliser des appareils homologués par l'OFCOM, pendant 24 heures et fixés sur un trépied. «Mais les appareils utilisés sont tout à fait fiables», assure-t-il.

Entre précautions et incertitudes

Dangereuses ou pas les ondes électromagnétiques? Les personnes électrosensibles affirment que oui. Mais personne n'est en mesure de trancher catégoriquement, même si la question occupe les scientifiques depuis des décennies. En 2001, l'Organisation mondiale de la santé a tout de même conclu que ces radiations sont peut-être cancérigènes pour l'homme. Face à ces incertitudes, Neuchâtel applique depuis 2010 le principe de précaution, surtout auprès des plus jeunes. Chef du Service de l'enseignement obligatoire, Jean-Claude Marguet signale que les normes admises dans les écoles sont divisées par 100 par rapport à celles recommandées au niveau international. De plus, les antennes Wi-Fi seraient placées suffisamment haut pour ne pas atteindre les enfants. Par ailleurs, la question des réseaux sans fil a été évoquée mardi dernier au sein de la Conférence des directeurs de l'école obligatoire afin de sensibiliser les utilisateurs concernés.

Téléchargez l'article original en fichier PDF. L'article original présente aussi les résultats des mesures dans les écoles visitées par l'ARA.