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Comment fonctionnent les téléphones portables ?

Tout appareil sans fil qui permet une communication à distance fonctionne nécessairement en recevant et en émettant une onde électromagnétique.

Rappelons ce qui caractérise une onde. Un caillou jeté dans l’eau produit une onde en forme de cercles concentriques. La distance d’une vaguelette à la suivante est la longueur d’onde, notée λ (en mètres). Le nombre de vaguelettes qui passent par seconde en un point donné est la fréquence, notée ν ; elle s’exprime en cycles par seconde ou Hertz (Hz). La vitesse de déplacement des vaguelettes est la vitesse de propagation de l’onde, appelée aussi célérité et notée c (en m/s).
On a toujours : c = λ.ν et donc λ = c / ν.

 

Dans le cas des ondes électromagnétiques, les "vaguelettes" sont des variations des champs électrique et magnétique. Pour ces ondes, les chiffres concernés prennent un caractère astronomique. Leur vitesse vaut 300.000 km/s ou 300.000.000 m/s (dans le vide, et aussi, pratiquement, dans l’air). La plupart des téléphones portables fonctionnent aux alentours de 900 MHz, c’est-à-dire 900.000.000 Hz. On en déduit la longueur d’onde correspondante : 1/3 m. D’autres portables fonctionnent à 1.800 MHz, et l’on prévoit des fréquences plus élevées encore. Notons en passant que le four à micro-ondes fonctionne à 2.450 MHz, les radars à quelques milliers de MHz. Toutes ces ondes portent le nom générique de micro-ondes ; ce sont des ondes hertziennes.

Ces ondes - comme toute onde, la houle par exemple - véhiculent de l’énergie. Rappelons que l’énergie s’exprime en Joule (J) et la puissance, qui est de l’énergie fournie ou dissipée par unité de temps, en Watt (W). Donc, 1 W = 1 J/s. La densité de puissance d’un rayonnement est la puissance qui traverse une surface plane donnée (perpendiculairement) par unité de cette surface. Elle s’exprime donc en W/m², ou en W/cm² : 1 W/cm² = 10.000 W/m². Le sous-multiple le plus pratique sera le microwatt/cm² (μW/cm²) qui vaut 0,000.001 W/cm². Donc : 1 microwatt/cm² = 0,01 W/m². Notons que la densité de puissance (en W/m²) vaut E²/377 où E (en V/m) est le champ électrique. Par exemple, 0,001 W/m² (= 0,1 µW/cm²) correspond à 0,614 V/m, et 20,6 V/m à 1,125 W/m² (= 112,5 µW/cm²).

La puissance de sortie d’un téléphone portable va de 20 mW à 2 W. Sa densité de puissance sur l’oreille de l’utilisateur peut aller jusqu’à 2000 microwatt/cm².

Il ne faut pas perdre de vue qu’à moins d’être déconnecté, l’appareil émet en permanence, pour la simple raison qu’il doit pouvoir être détecté en cas d’appel vers son utilisateur. Cette détection, comme d’ailleurs la transmission des communications, se fait par l’intermédiaire de relais, appelés aussi « stations de base ». Ces relais, matérialisés par des antennes très reconnaissables, ont une zone de couverture limitée, d’un rayon de 2 à 20 km suivant le terrain. Cette zone est appelée « cellule ». L’ensemble du territoire à desservir doit être couvert par un maillage continu de ces cellules. D’où l’appellation de « réseau cellulaire ». Si cette continuité n’est pas assurée, la transmission des communications ne peut pas l’être non plus.

Les ondes utilisées actuellement en téléphonie mobile sont pulsées : elles s’arrêtent et repartent 217 fois par seconde (217 Hz). Du point de vue de l’impact sur la physiologie humaine, ceci est crucial.

Les effets de ces ondes sur notre physiologie et sur notre santé.

Les symptômes les plus fréquemment cités dans la littérature scientifique sont les maux de tête, les troubles du sommeil, l’irritabilité ou une sensation de faiblesse générale qui peut aller jusqu’à la neurasthénie. Les excès de micro-ondes sur la tête sont spécialement dommageables pour les yeux. L’opacification du cristallin en résulte souvent, menant à la cataracte.

Plus particulièrement, la faculté de concentration souffre de cette irradiation, ce qui nuit aux fonctions d’apprentissage et de mémoire, spécialement chez les enfants.
Les effets sur la mémoire ont été étudiés systématiquement sur des rats de laboratoire par le Professeur Henry Lai (Bioelectromagnetics Research Laboratory, Dept. of Bioengineering, School of Medicine and College of Engineering, University of Washington, Seattle, USA). Celui-ci conclut que "l’exposition aux micro-ondes peut modifier complètement la stratégie comportementale d’un animal qui cherche son chemin dans son environnement".

Les docteurs Klaus Mann et Joachim Roschke, à l’université de Mayence en Allemagne, ont montré expérimentalement l’influence des micro-ondes pulsées des téléphones portables sur la qualité du sommeil. Ils ont constaté que celui-ci est affecté d’une manière préjudiciable au traitement des informations par le cerveau. Ils en ont conclu que les effets observés pouvaient " être associés à des altérations de la mémoire et des fonctions d’apprentissage".

Tout ceci rend particulièrement choquante l’installation d’antennes-relais à proximité d’écoles, ce qu’ont interdit, soit dit en passant, certaines municipalités comme celle de San Francisco en Californie.
Tout influx nerveux est un phénomène électrique. De ce fait, il serait étonnant que le fonctionnement de notre cerveau ne soit pas influencé par des ondes électromagnétiques. Ce qui précède donne déjà une première idée de cette influence. Celle-ci peut être mesurée d’une manière beaucoup plus précise. Des études sur l’électroencéphalogramme (EEG) de sujets exposés à des micro-ondes pulsées ont été faites par le Professeur von Klitzing en Allemagne (Dept. Clin. Research, Medical University, Lübeck). Les modifications constatées de l’EEG sont très nettes et tout à fait spécifiques, et cela pour une densité de puissance aussi basse que 0,1 microwatt/cm². De plus, des phénomènes de résonance interviennent dans le cerveau, même dans les flux sanguins. L’interaction par résonance avec les structures intimes du cerveau représente un des aspects les plus essentiels de la pollution électromagnétique. Ce qu’est une résonance, un enfant le sait d’instinct. Il lui suffit pour cela de s’être amusé sur une balançoire. Les mouvements de son corps devaient y être synchronisés avec le rythme propre de la balançoire, c’est-à-dire entrer en résonance avec elle. A cette condition, les mouvements de celle-ci pouvaient atteindre une amplitude grisante… Il en est de même des ondes électromagnétiques qui peuvent entrer en résonance avec nos circuits neuronaux. Mais l’effet n’a généralement rien de grisant…
De plus, il apparaît que notre matériel génétique (l’ADN) absorbe l’énergie rayonnée par le biais d’une résonance. Celle-ci peut aller jusqu’à l’endommager. Or, il est d’autant plus impliqué dans le fonctionnement des cellules que celles-ci se divisent souvent. C’est le cas des cellules sanguines et des cellules sexuelles. Il n’est donc pas étonnant, malgré les grandes capacités de réparation de l’ADN dans la plupart des cellules, que le système hématopoïétique et le système reproducteur soient plus vulnérables, et que la littérature scientifique sur ce sujet mentionne fréquemment des altérations de la composition du sang, une baisse de la puissance sexuelle, ou des problèmes liés à la grossesse et à l’accouchement.
De même l’équilibre endocrinien et le fonctionnement du système cardiovasculaire se trouvent affectés par les micro-ondes de la téléphonie mobile. Le Professeur Braune et son équipe, de l’Institut de Neurologie de l’Université de Fribourg (Allemagne), ont publié dans « The Lancet » (20-6-1998) une étude où apparaît clairement une élévation de la tension artérielle chez les personnes soumises au rayonnement d’un téléphone portable.

Les dommages causés à l’ADN des cellules nerveuses sont lourds de conséquences également, même si c’est d’une manière paradoxale. En effet, ces cellules ne se divisent pas, mais il n’empêche que l’ADN est impliqué dans leur fonctionnement. Or, la capacité de réparation de l’ADN d’une cellule nerveuse est plus faible. La porte est ainsi ouverte aux maladies dégénératives. La manière dont la toxicité vis-à-vis de l’ADN varie avec la dose d’irradiation est d’autant moins facile à déterminer qu’un neurone fortement irradié, mourant rapidement, n’est plus la source de perturbations fonctionnelles, sinon celles dues à sa propre absence. Moins irradié, il peut donc plus facilement occasionner de telles perturbations. Cette situation paradoxale explique l’extrême difficulté de juger ce qu’est vraiment une dose dite « faible » ou « forte » de micro-ondes, sans parler de leur aspect cumulatif.

Un effet insidieux mais redoutable des champs électromagnétiques - en particulier des ondes émises par les antennes-relais - est la chute de la production de mélatonine. Cette hormone, sécrétée la nuit par la glande pinéale, a un effet oncostatique, c’est-à-dire qu’elle tend à arrêter une éventuelle prolifération cancéreuse (surtout dans le cancer du sein). Ce qui est grave, c’est qu’une dose aussi faible que 0,022 microwatt/cm² peut déjà avoir cet effet !… (ACATT, mars ’95, Flat 2, 91 Henley Beach Road, Henley Beach South SA, 5022, Australia). Ainsi, il ne faut pas nécessairement accuser les micro-ondes de provoquer des cancers mais plutôt de leur permettre de se développer.

Il y a plus inquiétant encore : les altérations de la barrière hémato-encéphalique. Celle-ci n’est autre qu’un ensemble de cellules qui servent d’intermédiaire, donc de filtre, entre le sang apportant ses éléments nutritifs et les neurones du système nerveux central. Elle protège le cerveau contre la pénétration de molécules indésirables pouvant circuler dans le sang. Or, une étude a montré que des niveaux d’exposition inférieurs à 2,5 microwatt/cm² provoquent une fuite d’albumine à travers la barrière hémato-encéphalique. Cette ouverture intempestive est très inquiétante car elle peut faciliter le passage à des molécules toxiques (issues de drogues, par exemple, sans parler de l’alcool) vers les zones les plus profondes du cerveau et y créer des pathologies majeures. Cette étude a été faite par une équipe suédoise de l’Université de Lund (Persson, Malmgren, Brun, Salford, Départements de Neurochirurgie, de Neuropathologie et de Physique des Radiations). L’observation la plus remarquable de cette étude est que cette altération de la barrière hémato-encéphalique peut se trouver augmentée en diminuant la valeur de l’irradiation ! Cette constatation pose un problème majeur, car on voit mal, dans ces conditions, comment définir des normes d’exposition suffisantes pour la protection des personnes…

On comprend ainsi à quel point il est simpliste de croire qu’un effet est nécessairement proportionnel à sa cause. Comme le montre le Professeur G. J. Hyland (Dept. of Physics, University of Warwick, Coventry, CV4 7AL, UK), ni le déclenchement ni le déroulement des effets biologiques ne peut être prévu puisqu’ils dépendent d’une foule de cofacteurs liés au fonctionnement même de l’organisme vivant, au niveau global comme au niveau cellulaire, et qui varient forcément d’une personne à l’autre. Et par exemple, un rayonnement donné peut rester sans aucun effet pendant un certain nombre de minutes, puis avoir un effet passé ce délai. Ou encore, certains effets biologiques ont lieu dans un certain intervalle (de fréquence, d’intensité,…) et pas au-delà ni en deçà : c’est « l’effet-fenêtre ». Les phénomènes du vivant sont loin d’être tous connus. Comment dès lors pourrait-on décrire (ou nier !) l’action d’un élément extérieur sur un mécanisme interne qui n’est pas connu ? Le chercheur cité va jusqu’à dire que l’étude "définitive" que promet l’Organisation Mondiale de la Santé ne pourra jamais exister…

Ces effets pervers sont-ils bien établis ?

Des personnes influentes, surtout dans les milieux politiques, se plaisent à répéter que les effets néfastes, pour la santé, des téléphones portables et des antennes-relais sont hypothétiques, que rien n’est encore prouvé, qu’il ne faut pas s’inquiéter outre mesure. Il s’agit évidemment pour ces gens de ne pas affoler les citoyens… et de ne pas gêner les opérateurs des télécommunications. Remarquons d’abord que même si rien de tout cela n’était prouvé, cela ne prouverait pas l’inverse : l’innocuité des micro-ondes.
Remarquons ensuite qu’il est antiscientifique de nier une hypothèse n’ayant encore été ni confirmée ni infirmée par l’expérimentation. Ce que font pourtant les industriels concernés ! L’attitude des pouvoirs publics à cet égard est aberrante. Quand un médicament est mis sur le marché, il a d’abord été longuement testé quant à ces éventuels effets indésirables. Quand il s’agit de télécommunications, on met sur le marché d’abord ; on examine les conséquences ensuite (éventuellement !)…

Remarquons enfin que, pour qui veut bien les voir, les preuves de la nocivité des micro-ondes s’accumulent. Ceci n’est même pas nouveau ! Déjà en 1969, un ouvrage publié en Russie par Aleksandr Presman, traduit en anglais l’année suivante sous le titre "Electromagnetic fields and life", fournissait une impressionnante quantité de données sur les effets physiologiques des micro-ondes, et se terminait par une liste de références couvrant 48 pages ! Déjà en 1977, un symposium international sur les effets biologiques des ondes électromagnétiques a été organisé par l’Union Internationale de Radio Sciences. Plus récemment, au colloque tenu à Londres le 15-6-1999 et destiné aux membres du Parlement du Royaume-Uni, le Professeur Henry Lai, déjà cité, a fourni un document remarquable accompagné de 95 références. En Nouvelle-Zélande, le Professeur Neil Cherry est connu pour avoir efficacement synthétisé les informations sur le sujet. Il peut être joint à l’adresse suivante : Climate Research Unit, P.O. 84, Lincoln University, Christchurch, New-Zealand (fax : 00-64-3.325.38.45).

Que l’on ait des doutes concernant les informations qui précèdent est compréhensible et légitime. Mais il est loisible aux personnes qui doutent de chercher à vérifier ces informations et pour ce faire de remonter à leur source. Elles disposent des renseignements nécessaires pour contacter les scientifiques cités ci-dessus et leur demander des comptes, ce qui est leur droit le plus strict. Mais qu’elles le fassent !!! C’est une question d’honnêteté intellectuelle !

Conclusions pratiques.

Il va de soi que l’utilisation d’un téléphone portable ne devrait être que parcimonieuse. L’irradiation par cet appareil est plus particulièrement concentrée à moins de 20 cm de son antenne. Mais il serait difficile de téléphoner en le gardant à 20 cm de la tête… Il faut savoir aussi que les ondes qu’ils émettent (en permanence, même quand on ne téléphone pas, rappelons-le) sont réfléchies par une surface métallique, même une simple feuille d’aluminium, comme la lumière par un miroir. Ceci peut être exploité en vue de se protéger ; mais attention ! c’est une arme à double tranchant. Quant aux dispositifs « mains libres » avec un écouteur logé à l’entrée du conduit auditif, ils peuvent être aussi nocifs sinon plus… car, d’après le Professeur Hyland (communication personnelle), ces dispositifs transmettent tout de même dans une large mesure les basses fréquences au cerveau.

En ce qui concerne les antennes-relais, l’irradiation est difficilement prévisible jusqu’à 100 m de distance ; elle ne décroît sensiblement qu’au-delà. Mais il vaut bien mieux ne pas dormir en-deçà de 300 m de distance d’une de ces antennes ; du moins est-ce la limite pratique évaluée par Neil Cherry, laquelle correspond plus ou moins à la limite de 0,1 microwatt/cm² qu’il préconise de ne pas dépasser.
Quoi qu’il en soit, il faut encore tenir compte des réémetteurs passifs : tout objet métallique de dimension appropriée (une demi-longueur d’onde, ou un multiple) peut entrer en résonance avec l’onde qu’il reçoit et réémettre à son tour. Attention donc aux objets métalliques à proximité du lit !…
Notons également l’intérêt à cet égard de la toxicologie alimentaire ; en effet, si la barrière hémato-encéphalique, du fait de l’irradiation hertzienne, laisse passer plus de molécules néfastes, il est d’autant préférable que le sang en apporte le moins possible…

En résumé, citons Neil Cherry : « Il y a des preuves claires, publiées et vérifiables par la communauté scientifique internationale, qu’il existe des effets sérieusement dommageables pour la santé suite à des expositions aux micro-ondes dont le niveau moyen se situe en dessous de 0,1 microwatt/cm². Elles proviennent aussi bien de la recherche sur le fonctionnement du cerveau que des études épidémiologiques. »

Document réalisé pour TESLABEL Coordination asbl par
Jean-Claude Favresse, ingén. civ., conseiller scientifique.
Février 2003