grosplan 27 juinLes enseignants du lycée Blaise-Cendrars, à La Chaux-de-Fonds, l'ont tout récemment décidé.

Il n'y aura de wi-fi, ni dans la cafétéria, ni dans leur salle des maîtres. Par précaution pour la santé de chacun.

Article de Sylvia Freda paru dans L'Impartial du jeudi 27 juin 2013.

 «Au départ, nous avions pris l'option d'installer du réseau sans fil par confort pédagogique», explique Patrick Herrmann, le directeur de l'établissement. «Nous voulions permettre aux enseignants et aux élèves de travailler sur des tablettes et autres ordinateurs à la cafétéria et dans la salle des maîtres. Les travaux d'aménagement avaient donc commencé

Que craindre?

C'est en voyant un installateur s'affairer qu'un certain nombre de professeurs ont réagi et demandé l'ouverture d'une discussion au sujet du recours au wi-fi. «Le débat a été passionné entre les partisans et les opposants. Nous avons proposé à chaque camp de préparer une argumentation.» Après que celle-ci a été distribuée avant un conseil des maîtres, ces derniers ont été appelés à voter pour dire leur préférence. «Les adversaires du wi-fi ont eu la majorité des voix. A signaler tout de même: l'abstention a été importante!».


Sur quelles bases les réfractaires se sont-ils appuyés pour développer leur plaidoyer anti wi-fi? «Sur certaines recherches et développements aussi bien scientifiques que politiques sur le sujet», répond Patrick Herrmann. «Pour faire court, au niveau scientifique, apparemment, les ondes wi-fi sont du type micro-ondes. Et même si leur intensité est relativement faible, leur impact est significatif. On observe une pénétration des ondes dans le corps humain de plusieurs centimètres.» Il ajoute que le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'OMS a classé les champs électromagnétiques de radiofréquences comme peut-être cancérigènes pour l'homme, sur la base d'un risque accru de gliome, un type de cancer malin du cerveau, associé à l'utilisation du téléphone sans fil. «Le 30 mai dernier [2011], le Conseil de l'Europe a recommandé d'interdire le wi-fi et les téléphones portables dans les établissements scolaires. La Bibliothèque nationale de France a renoncé au réseau sans fil. En France, l'Assemblée nationale a voté un texte qui demande que le wi-fi soit le moins utilisé possible dans les écoles», fait encore remarquer le directeur du lycée Blaise-Cendrars.


Pour rappel, en 2001, un crédit de 11,9 millions avait été voté par le Grand Conseil pour le développement de l'informatique à l'école. Dans le canton de Neuchâtel, un arrêté datant de novembre 2010 préconise d'installer des liaisons par fil plutôt que du wi-fi, dans les écoles secondaires. «Le wi-fi est l'exception», informait à l'époque Jean-Luc Abbet, chef du Service informatique de l'Entité neuchâtelois, dans les colonnes de «L'Express» et «L'Impartial». Ceci parce qu' «on ne connaît pas l'impact des ondes électromagnétiques», spécifiait déjà alors, avec prudence, Jean-Claude Marguet, chef du Service de l'enseignement obligatoire.

Câblage pas évident

«Au lycée Blaise-Cendrars, on essayait de travailler essentiellement avec du fil», explique Patrick Herrmann.«Le problème, c'est que le bâtiment, avec ses grandes dalles en béton, rend assez compliqué de câbler tout. Et beaucoup de tablettes n'offrent même plus la possibilité d'être branchées à un fil!». Au final, dans l'établissement, il y aura un peu de wi-fi, seulement à certains endroits, très délimités.